« Il y en aura pour tout le monde ? » interroge, inquiète, la dernière arrivée. La file d'attente serpente sur plusieurs dizaines de mètres. Une heure d'attente au minimum. « Rangez vos billets, on ne prend pas de billets, on va débiter vos comptes », annonce une hôtesse. Un par un, sagement alignés, ils attendent, patients, cabas à la main. Serrés les uns contre les autres, parkas, shapkas et pantalons chaud, les vieux se tiennent chaud, par ce temps glacial. « Ils ont dit à la radio que les distributions n'étaient ouvertes que le matin », affirme une dame.
« Pour toute délivrance de sachets, merci de présenter une pièce d'identité et un chéquier ou une carte de paiement », indique la pancarte. « Bon ben j'ai ni l'un ni l'autre, râle la dame. Moi j'ai juste mon titre de transport ! » « Allez à la poste, ils en donnent à tout le monde », recommande, compréhensive, la caissière. « C'est la troisième banque qui me dit ça ! gémit-elle. Moi j'habite à l'autre bout de Paris ! »
Alerté, le directeur vient en personne donner de nouvelles recommandations aux hôtesses : « Bien faire comprendre aux clients qu'il n'y a pas de pénurie, que ce n'est pas la guerre. » L’homme sait aussi comment traiter ses clients : « Bonjour madame, vous souhaitez retirer un petit kit euro ? »
Seul indice que nous ne sommes pas en temps de guerre, des ballons en baudruche de toutes les couleurs décorent la banque.
Vendredi 14 décembre 2001
Texte et Photo © Sylvie Lasserre
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