Suisse
Nous l'écoutions parler, un peu hébétés, assis au bar de l'hôtel Eiger à Grindelwald. Jasmin avait l'air exténué et pourtant débordait d'énergie. Le cheveu blond en bataille, le tee-shirt trop moulant, elle semblait presque avoir disjoncté et, bien que nous n'ayions fait sa connaissance que cinq minutes plus tôt, elle nous amusait déjà par ses envolées lyriques sur les montagnes de sa région. Des montagnes qui, elle nous le jurait, n'étaient pas comme toutes les autres montagnes. Oui elle l'admettait, cela pouvait paraître idiot de dire cela, mais c'était vrai, nous verrions bien nous-mêmes. C'était... elle ne savait comment dire... un décor de théâtre... des montagnes presque... vivantes... Non elle n'arrivait pas à nous l'expliquer mais nous verrions bien !
Je tentai à plusieurs reprises d'amener la conversation sur le sujet qui m'intéressait, l'objet de notre reportage, les Japonais en Suisse, mais rien à faire, elle revenait toujours à son obsession. " Ici, les montagnes ont vraiment un caractère. " J'avais mis ça sur le compte de sa grande fatigue et de son état manifestement euphorique. Elle avait en effet passé la journée à s'occuper de 400 hélitreuillages pour des touristes qu'il avait fallu évacuer de Grindelwald, restée coupée du monde quatre jours durant.